Après Montpellier et Evian, la Danone Nations Cup posait ses valises à la Piverdière à Rennes avec un plateau à nouveau très relevé. Ce sont finalement les Brestois qui l’ont emporté et qui valident leur ticket pour la finale nationale le 15 mai prochain au Stade Pierre Mauroy à Lille. Après Houssama El Ghazi, l’entraineur de Schiltigheim, c’est Rayan Allot le coach des U12 brestois qui a répondu à nos questions.
Bonjour, Rayan, peux-tu nous renseigner sur ton parcours en tant que joueur et en tant qu’éducateur ?
« J’ai 22 ans et j’ai fait toute ma formation de joueur (débutant jusqu’aux U19 nationaux) au Stade Brestois. J’ai pu côtoyer des entraîneurs comme Anthony Rimasson (parti depuis à Longueuil au Québec), Stéphane Nado (actuel coach des U19 marseillais) ou Nicolas Mariller (actuel responsable de la pré-formation au Stade Brestois). A la fin de ma première année U19, on m’a proposé de prendre en charge une équipe U9. C’est cette génération 2004 que j’entraîne toujours actuellement. En tant que joueur, j’ai fait deux ans avec l’équipe C du Stade Brestois et actuellement j’évolue au sein de la réserve du Stade Plabennecois. En parallèle, je suis étudiant en Master EPI (Expertise Performance Intervention) à l’université de Brest. »
En dehors de la DNC, vous participez à d’autres compétitions j’imagine ?
« En fait, nous avons fait le choix de sortir les U13 du championnat. Cela nous permet d’anticiper le passage à 11 notamment. Pour les U12, cela nous permet d’évoluer dans les championnats les plus forts des U13, contre les meilleures équipes U13 du Finistère (comme Plouzané par exemple). Cette opposition contre des joueurs plus âgés est possible grâce à la qualité de notre effectif et nous estimons qu’en termes de rythme et d’intensité cela peut apporter un plus non négligeable lorsque nous jouons contre d’autres équipes U12. En dehors, du championnat, nous participons à différents tournois au cours de l’année. Cette année, nous avons pris part au tournoi en salle U12 de Liffré (en Ile et Vilaine) où nous nous sommes inclinés en demi-finale contre le FC Nantes. Récemment, nous avons participé au tournoi U12 de St-Pierres-des-Corps (près de Tours). Nous avions réussi à sortir d’une poule avec les Girondins de Bordeaux, l’AJ Auxerre et le FC Lorient mais nous nous sommes à nouveau inclinés en demi-finale contre le FC Nantes.
Pour préparer le championnat et les tournois, nous nous entraînons 3 fois par semaine (1h15 à 1h30 pour chaque entraînement). Dans le cadre du plan éducatif fédéral et de la diversification des pratiques, nous abordons aussi le Futsal. Une fois les compétitions de Futsal terminées, on se sert de la salle pour le travail athlétique, pour la coordination et aussi la perception avec du travail sous pression par exemple. »
En terme de style de jeu, que peux-tu nous dire sur votre équipe?
« Nous tentons d’avoir un jeu porté vers l’avant. On privilégie la coordination des joueurs, les déplacements, la création d’espaces. Contrairement à d’autres clubs, notre planification est basée sur le jeu et non sur des moyens techniques. Sur le plan défensif, nous avons une philosophie insufflée par notre responsable Nicolas Mariller, c’est de défendre en avançant. On aime avoir le ballon et on aime jouer. Si l’équipe en face est joueuse aussi, les matchs peuvent être spectaculaires. »
Est-ce que la DNC était un objectif en début de saison ?
« Nous avons entendu parler de la Danone Nations Cup à travers les réseaux sociaux. Nous avons ensuite échangé avec les enfants et les dirigeants sachant qu’une étape devait sans doute avoir lieu dans le Grand Ouest. Quand nous avons su que l’étape aurait lieu à Rennes, nous avons immédiatement postulé pour faire, avant tout, plaisir aux enfants du groupe. Avec une dizaine d’équipes de jeunes de clubs pro, le plateau promettait d’être très relevé avec de bons matchs à jouer. On se s’était pas fixé spécialement d’objectif de résultat mais l’idée était plutôt d’aborder la compétition avec des intentions de jeu très cohérentes. A Rennes, nous avons été performants car nous avions les bonnes intentions de jeu. Pour nous, l’aspect compétition n’est pas primordial. Nous sommes toujours dans un objectif d’apprentissage et de progression et il faut donc que chaque tournoi, chaque rencontre participe à cette progression. »
Peux-tu nous retracer votre parcours lors de cette étape rennaise ?
« Nous avons commencé par 6 matchs tirés au sort. Nous avons fait match nul (0-0) lors de notre premier match contre l’US Janzé avec de très bonnes intentions mais pas de but. Nous l’avons ensuite emporté contre Fougères (2-0) et contre Penmarch (5-1). Lors du 4e match, nous avons affronté une très belle équipe de l’ASPTT Caen, qui a proposé quelque chose de très cohérent toute la journée (victoire 1-0). Les 5e et 6e matchs se terminent aussi par des victoires (4-0 puis 2-0 respectivement contre Redon et Bruz). En quart, nous avons remporté la confrontation face à nos amis guingampais ( les joueurs, les dirigeants et les parents sont très proches et ont l’habitude de se rencontrer). Après l’avoir emporté contre le SCO Angers (2-0), en demi-finale, nous avons affronté le FC Nantes en finale (rappelons que les Brestois restaient sur deux défaites face à ces mêmes nantais). Aucune des deux équipes ne réussit à ouvrir le score dans le temps réglementaire et nous l’emportons aux penaltys (3-1) pour le plus grand bonheur des petits brestois. »
Comment appréhendez vous la finale à Lille, le 15 mai prochain ?
« En tant qu’éducateur, le fait d’aller à Lille sera une belle découverte. Pour les enfants, c’est une vraie chance avec l’opportunité d’avoir une très belle opposition. Cela va leur permettre de continuer leur apprentissage face à des équipes avec une grosse intensité et un rythme élevé. Le but est de garder les mêmes intentions de jeu sous pression. C’est plutôt une découverte qu’un objectif en tant qu’éducateur mais les enfants ont vraiment pour objectif d’aller décrocher cette première place. »
Comment allez vous gérer la période d’ici le 15 mai ?
« Certains enfants vont être sollicités pour jouer à 11 en U13 et pour jouer la finale régionale de Futsal. Par la suite, nous reprendrons le cours de nos entraînements et de nos matchs de championnat. Nous aurons un tournoi local le week-end du 1er mai et on se dirigera ensuite vers la finale à Lille sans avoir spécialement cette échéance comme objectif mais plutôt en incluant cette date dans l’apprentissage et la progression des enfants. »
Les joueurs ne risquent-ils pas d’avoir un peu la tête ailleurs d’ici la finale ?
« Ils n’ont jamais évolué dans un grand stade comme celui de Lille et ils vont certainement y penser mais nous tâcherons de garder nos valeurs qui sont l’humilité, le respect et le travail. C’est notre rôle de leur indiquer que ce n’est pas une fin en soi de s’être qualifiés et qu’il faut continuer dans notre logique d’apprentissage. On a des garçons intelligents qui ont les pieds sur terre et nous serons aussi là pour rappeler qu’il y a chaque jour quelque chose à apprendre que ce soit sur le terrain ou en dehors. »
Justement les joueurs ont-ils conscience de la médiatisation de la compétition ?
« Il y a une forme d’insouciance au sein du groupe et les jeunes ne sont pas intéressés par les médias. Ce qui les motive c’est l’objectif de représenter la France. Ils sont plus intéressés par la victoire dans les matchs que par ce qu’il y a autour. C’est quelque chose de positif car c’est une motivation intrinsèque, ce qui veut dire que j’ai à faire à des passionnés et non à des consommateurs. Ils ont été récemment contacté par une chaîne locale et lors de leurs réponses aux différentes questions, ils ont systématiquement mis en avant le collectif. Jamais aucun d’entre eux ne s’est mis en avant ou n’a mis en avant l’un de ses coéquipiers et pour un éducateur c’est une réussite au vu des valeurs que nous défendons au Stade Brestois : collectif et dépassement de soi. »
Revenons sur la formation brestoise. Les U19 sont en demi-finale de la Gambardella (2e fois en 4 ans) et les U12 sont en finale nationale de la Danone Nations Cup. Comment expliques-tu cette réussite ?
« Beaucoup de joueurs U19 sont passés par la pré-formation et par l’école de foot du Stade Brestois donc c’est très valorisant pour tous les éducateurs qui les ont vu évoluer.
Même si les résultats ne reflètent pas toujours la réalité d’une bonne formation, c’est un bon indicateur. Dans le club, nous avons des joueurs très performants avec un bel avenir devant eux qui évoluent avec des éducateurs soudés et compétents autour d’Eric Assadourian (responsable du centre de formation). Nous avons un projet commun très cohérent au niveau de l’école de football, de la pré-formation et de la formation. On envoie un message fort aux autres clubs en disant que oui à Brest ça travaille bien, oui à Brest il y a du potentiel. On espère voir de plus en plus de jeunes brestois fouler la pelouse de Francis-Le Blé car c’est notre objectif à tous au club. »
Pour revenir sur la DNC, avais-tu suivi les précédentes étapes de la compétition à Montpellier et à Evian ?
« Avec Mathieu Gouriou et Yoan Milin, les dirigeants, on s’est pris au jeu de la compétition au fur et à mesure que la date approchait sachant que la communication autour de la Danone est importante. On a donc vu que Montpellier s’était imposé tout comme Schiltigheim. Nous connaissons déjà le club alsacien car ils participent régulièrement au challenge du Printemps de Guipavas et nous savons qu’il y a de la qualité dans ce club donc nous ne sommes pas vraiment surpris par leur qualification. Nous nous étions aussi intéressés au classement des seconds pour savoir si une deuxième place suffisait à la qualification. Malgré tout, dès que la compétition a débuté à Rennes, nous avons occulté tous ces éléments et nous avons pris les matchs les uns après les autres en nous concentrant sur le jeu. Je pense que c’est ce qui a fait que malgré l’enjeu, nos joueurs ont toujours montré la volonté de produire quelque chose de cohérent. »
Il reste maintenant trois étapes avant Lille, tu vas continuer à suivre la compétition ?
« Pas vraiment. Je vais plutôt m’intéresser à mon groupe et nous allons continuer à travailler le mieux possible dans notre petit coin de Bretagne. Nous aborderons la finale lilloise avec toujours la même philosophie de jeu et le même état d’esprit qui nous caractérise. »
Merci à Rayan Allot de nous avoir consacré du temps et bonne chance aux finistériens pour la finale.

Rang du bas (de gauche à droite) : Jérémy THOMAS – Pierre KEREBEL – Mattis MINIOU – Malo KERMARREC – Jules RAVEZ Rang du haut (de gauche à droite) : Oussama TARFAOUI – Yoan MILIN (dirigeant) – Wail MAHIOUS – Mathieu GOURIOU (dirigeant) – Dorian GAROUCHE – Simon LE BRAS – Rayan ALLOT (Educateur) – Tom PHILIP – Noah GESTIN.
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