Dans le monde du football et particulièrement à Guingamp, il y’a des noms qui ne passent pas inaperçus. Entretien avec Théo Guivarch, 20 ans et troisième gardien de l’En Avant de Guingamp. Retour sur le parcours de ce joueur qui a signé son premier contrat professionnel cet été après une période difficile à Lorient. Le club costarmoricain lui a donné la chance de réaliser son rêve de devenir joueur de football professionnel. Mais Théo sait que c’est avant tout grâce à son travail et à ses efforts pour ne rien lâcher qu’il en est là aujourd’hui.
Bonjour Théo, merci de nous accorder cet entretien. La première question que l’on a envie de te poser et on doit également te la poser fréquemment, mais as-tu un lien de parenté avec le Grand Stéphane Guivarc’h ?
« Oui, effectivement on me pose cette question assez souvent car nous portons le même nom, bien que l’orthographe soit légèrement différente (NDLR : L’orthographe du champion du monde prend une apostrophe après le H). Mais cela ne me dérange pas du tout, je trouve cela assez flatteur, car ce fût un très grand joueur de football qui a marqué l’histoire du club de Guingamp et du championnat de France ainsi que l’équipe de France en remportant brillamment la coupe du monde de football le 12 Juillet 1998 ».
Le poste de gardien de but a toujours été celui auquel tu voulais jouer ? Et comment as-tu décidé que tu voulais devenir footballeur professionnel ?
« Je suis devenu gardien de but un peu par hasard. Comme tous les petits garçons, j’aimais bien taper dans le ballon avec mes copains. Et je jouais souvent avec mes voisins qui me mettaient dans les buts et c’est là que j’ai découvert que j’aimais bien ce rôle et rattraper les balles. Donc j’ai commencé à ce poste dans le club près de chez moi à Larmor Plage, puis des entraîneurs m’ont remarqué et c’est comme cela que j’ai intégré le Football Club de Lorient et que j’ai décidé d’en faire mon métier ».
Tu as été recruté par l’En Avant de Guingamp l’été dernier en tant que troisième gardien. Mais ces deux dernières saisons ont été particulièrement difficiles pour toi au FC Lorient. Comment t’es-tu retrouvé à signer ton premier contrat professionnel dans les Côtes d’Armor ?
« Ces deux dernières saisons ont en effet été très dures à Lorient, car en plus d’avoir eu un faible temps de jeu, j’ai eu des blessures au genou (Fissure au ménisque) qui m’ont handicapé.
Même si je donnais le meilleur de moi à chaque entraînement et je travaillais dur pour retrouver mon meilleur niveau. Je jouais le rôle de doublure au sein de la 4ème équipe du club. Par ailleurs, j’étais également conscient d’avoir devant un moi un très bon gardien, Ibrahima Sy qui venait de Marseille. Donc tout ces éléments ont contribué au fait que j’ai disputé peu de matchs ces dernières saisons à Lorient. Et je sentais que je n’avais pas d’avenir en restant à Lorient, ce genre de choses se sentent dans le football.
Malgré cela, je n’ai jamais rien lâché, je n’ai pas cessé de croire en moi et je travaillais dur.
J’ai pu également compter sur le soutien très important de Stéphane Le Garrec, qui a toujours cru en moi et m’a donné la force de rester motivé quand ce fût plus dur mentalement pour moi.
Et par ailleurs, j’avais déjà eu des contacts avec l’EAG par le passé, sans que cela puisse se concrétiser.
Puis en Mars 2015, le club m’a appelé pour participer à une semaine d’entraînement car les deux gardiens professionnels (ndlr. Jonas Lössl et Mamadou Samassa) étaient partis en sélection (NDLR : Danemark et Mali). Cela c’était bien passé. Et le club m’a dit à l’issue de la semaine qu’il reviendrait vers moi et mon agent.
Et c’est ce qu’il s’est passé, c’est Ronald Thomas (NDLR : L’entraîneur des gardiens pros) qui m’a appelé et m’a dit que le club me proposait un contrat d’1 an avec une prolongation à la clé si j’atteignais les objectifs fixés (travail sur des axes de progression précis et enchaînement de bonnes performances avec l’équipe et réserve et à l’entraînement) ».
Donc tu quittes ton statut amateur et tu deviens joueur professionnel, qu’est- ce que cela a changé dans ta vie ?
« Ce qui a changé c’est avant tout le regard des gens sur moi. Les joueurs professionnels sont plus demandés et on parle plus de nous. Mais on est à Guingamp qui est une très petite ville, donc cela reste tout de même très discret et pas du tout gênant. Mais dorénavant on me reconnaît quand je fais mes courses ou quand je marche dans la rue. C’est agréable et c’est toujours sympa quand on discute du match ou pour prendre une photo.
Par ailleurs, je me suis concentré sur le football depuis deux ans quand j’ai obtenu mon bac STMG en 2014. Donc j’avais déjà l’habitude d’avoir le football comme principale occupation et mon agent était déjà à mes côtés.
Mais pour venir à Guingamp, j’ai laissé ma famille à Lorient. Donc je dois être autonome et cela me responsabilise pour me gérer. Je me prépare seul mes repas par exemple ».
Tu as été pendant 4 mois (octobre à février) en tant que deuxième gardien sur le banc en raison de la blessure de Samassa, qu’est- ce qui t’a le plus marqué en découvrant la Lige 1 et le niveau professionnel ?
« Je dirais que ce qui m’a le plus marqué en découvrant la Ligue 1, ce n’est pas forcément de croiser certains joueurs, car je pars du principe que nous sommes au même niveau en étant adversaire.
Mais ce qui m’a le plus marqué ce sont les ambiances, j’étais dans l’équipe lors des déplacements à Geoffroy- Guichard, au Stade Vélodrome, à Bordeaux ou à Lyon. Ces ambiances sont très particulières et on sent vraiment la ferveur.
Et là, où j’ai le mieux senti la ferveur des supporters est lors de mon second match sur le banc, nous jouions au Roudourou et là j’ai ressenti toute le soutien des supporters.
Ce qui m’a marqué également, c’est ce qui se passe avant et après les matchs. J’ai vraiment ressenti le niveau professionnel au sein de la vie de groupe, dans les moments de préparation comme la causerie ou les mises au vert. C’est là où tu sens que tout le monde est concerné et où tu sens l’enjeu des matchs et la pression. Mais c’est de la bonne pression et ça te motive à tout donner sur le terrain.
Après au niveau personnel, je n’ai pas encore vécu grand-chose. Je ne suis pas encore rentré en jeu ».
Et pour le moment, quel est ton meilleur souvenir de la saison ?
« Il s’agît du match contre Nice en coupe de la Ligue au mois de Décembre. Nous jouions au Roudourou et nous avons gagné aux tirs aux buts. C’était un match de fou, j’ai adoré l’ambiance et l’atmosphère dans le stade avec les supporters. C’est ce genre de match que tu as envie de jouer et qui te fait vibrer ».
Et justement le fait de n’avoir pas encore joué avec l’équipe professionnelle cette saison n’est pas trop frustrant, comment le vis- tu ?
« Non pas du tout, je ne me prends pas la tête avec cela. Je vis cette saison comme une saison de travail et d’apprentissage. Mon boulot est de faire de bons entraînements, progresser sur certains axes et être performant avec l’équipe réserve quand je ne suis pas dans le groupe professionnel car c’est ma première vraie saison pleine et où je ne suis pas blessé.
Et puis ce qui compte pour moi, c’est l’équipe, que le collectif soit performant ».
Le premier tour de la Coupe de France vous a opposé à l’US Chantilly qui est une équipe amateure, ne pensais-tu pas tout de même jouer ce match face à une équipe de ce niveau ?
« Comme tout joueur j’ai envie de jouer des matchs. Mais comme je l’ai dit tout à l’heure, je ne me prends pas la tête avec l’idée de jouer tous les matchs. Je sais pourquoi je suis là, je sais où j’en suis dans ma carrière et le travail qu’il me reste à accomplir.
Le plus important pour moi reste l’équipe et que nous soyons performant et positif.
Par ailleurs, comme je l’ai toujours fait, je continue de bien travailler, d’écouter ce que l’entraîneur me dit, et comme le travail finit toujours pas payer, je sais que mon tour viendra au bon moment ».
Même si tu ne joues pas mais que tu es souvent dans le groupe, comment s’est passée ton intégration dans le groupe ?
« Mon intégration s’est très bien passée J’ai fait la connaissance du groupe au moment du stage du Crouesty. Mais ça été facile, car nous avons un bon groupe et une bonne ambiance, car les gars sont très simples il n’y a pas de tensions, tout le monde s’entend bien. Et nous allons régulièrement chez l’un ou chez l’autre et puis tous les mercredi nous déjeunons ensemble, ce qui est bien pour la cohésion d’équipe. Et il nous arrive aussi de faire ensemble des événements caritatifs pour le club, d’aller au restaurant ou au cinéma.
Et au- delà de cela, je me suis aussi bien intégré au club car c’est très familial et convivial. Et on est aussi bien accompagné, car quand je suis arrivé à Guingamp, le club s’est bien assuré de savoir si je me plaisais dans mon logement, ce que j’ai apprécié ».
De qui es-tu le plus proche dans l’équipe ?
« Je suis le plus proche des jeunes comme Marcus Coco, Ludovic Blas et Franck Héry. Et je me sens proche aussi des cadres comme Thibault Giresse, Mamadou Diallo ou le capitaine Lionel Mathis qui sont toujours là pour nous donner des conseils où nous transmettre leur expérience ».
Tu côtoies également deux gardiens internationaux, quelles sont tes relations avec eux ?
« Mes relations avec eux sont également bonnes. Nous avons pris l’habitude de travailler ensemble et nous travaillons sereinement. Cela m’apporte de travailler avec eux, car ils ont de l’expérience et je n’hésite pas à leur demander des conseils sur certains points lorsque j’en éprouve le besoin ».
Et tu échanges également beaucoup avec l’entraîneur Jocelyn Gourvennec ? Et quelles sont tes relations avec lui ?
« Oui, j’échange beaucoup avec lui, il est très présent avec nous les jeunes, il est très exigeant avec nous, car il ne veut pas que nous nous relâchions pour que nous restions concentrés et que nous donnions le maximum pour l’équipe.
En début de saison il m’a expliqué que c’était à moi d’aller chercher les choses, ce que j’essaie de faire au mieux ».
Et avec Ronald Thomas l’entraineur des gardiens comment travailles- tu ?
« Mon travail avec Ronald se passe également très bien, on a de bonnes relations. Et j’ai bien progressé avec lui notamment grâce à ses conseils et aux entraînements. Et c’est également grâce à cela que j’ai atteint les objectifs qu’il m’avait fixés ».
Comment est- ce que tu décrirais ton profil de gardien ? Et quels sont selon toi tes points forts et tes points faibles ?
« Je suis un grand gardien (NDLR : 1m95) donc j’ai des facilités dans le domaine aérien, en revanche, j’ai des difficultés lorsque je dois intervenir au sol. Mais je travaille dessus et je me suis amélioré.
Mes points forts sont également le jeu au pied, qui me vient de mon parcours amateur où on joue beaucoup au pied. Et puis je suis assez vif aussi, je bouge bien.
Mon principal point faible est pour le moment la concentration. Mais je travaille là- dessus et cela s’estompera quand j’enchainerai les matchs plus régulièrement et que j’emmagasinerai de la confiance.
C’est pour cela que les matchs avec l’équipe réserve me font du bien et sont importants, car cela me permet de garder mes sensations et le rythme de la compétition. Et comme l’an dernier je n’ai pas joué beaucoup de matchs cela me fait du bien de rester dans la compétition et d’enchaîner ».
Quels sont tes objectifs et comment envisages-tu ton avenir à Guingamp, car je crois qu’il que ton contrat se finit à l’issue de la saison ?
« Mes objectifs pour le moment sont simples et je ne me projette pas encore trop loin. J’ai encore cette saison à finir et c’est pour le moment mon seul objectif. Après pour la suite, l’objectif est d’hausser encore le niveau, fournir encore plus d’efforts pour être encore meilleur.
Concernant mon avenir à Guingamp, je me sens très bien au club. Et j’ai signé une prolongation de contrat de deux ans peu avant les fêtes de fin d’année. C’est venu récompenser mes efforts, et j’ai atteint les objectifs que le club m’avait fixé. Donc je ne me pose pas trop de questions sur le futur, je pense seulement à bien travailler et à être performant ».
Tu as fait toute ta formation à Lorient, as-tu gardé des contacts avec d’anciens coéquipiers ?
« Oui tout à fait, je suis toujours en contact avec Valentin Lavigne et Hamadou Karamako. Nous nous revoyons chaque fois que je reviens à Lorient ».
A quoi ressemble une journée type pour toi ?
« Je m’entraîne le matin et je passe l’après- midi chez moi. J’accorde de l’importance à faire la
sieste pour bien se reposer et récupérer et ensuite je regarde la télévision ou je joue à la console. Mais je veille à ne pas me coucher trop tard le soir, car je dois être en forme le lendemain ».
Quelles sont tes hobbies en dehors du football ?
« J’aime bien regarder des séries comme en ce moment The Walking Dead. Je joue aussi pas mal à la console, notamment à Fifa 16 et à NBA 2K et Call of Duty Black Ops 3.
Par ailleurs, j’aime aussi le basketball et particulièrement la NBA avec Oklahoma City et Russel Westbrook, c’est pour moi un très bon joueur et il fait des trucs sensationnels ».
As-tu des joueurs que tu admires et que tu aimerais avoir dans ton équipe ?
« En tant que gardien de but c’est principalement eux que je regarde. Donc j’aime bien Manuel Neuer, Joe Hart ou Thibaut Courtois, car ils sont le top en termes de gardiens et puis je suis également un grand gardien (par la taille) comme eux. Donc on a un peu le même style.
Et puis, je regarde aussi beaucoup de matchs de football que ce soit en Ligue des Champions, les championnats étrangers ou la Ligue Europa.
Les joueurs que j’aimerais bien avoir dans mon équipe sont des joueurs qui peuvent faire basculer un match à tout moment comme Hatem Ben Arfa ou Ousmane Dembélé car ils sont capables de choses incroyables ».
Est- ce qu’il y a un championnat qui t’attire et une équipe particulière ?
« Oui j’aime bien le championnat anglais, car c’est un championnat qui va vite où les gardiens doivent jouer pas mal au pied et où le jeu aérien est également important. Mais j n’ai pas d’équipe en particulier où je souhaiterais évoluer ».
Penses-tu à l’Equipe de France dans un futur à moyen ou long terme ?
« Il est évident que l’équipe de France fait rêver tout joueur. Mais pour le moment je n’y pense pas du tout. Je pense avant tout à être performant aux entraînements et à faire des bons matchs. Et puis, il faut aussi que je joue en Ligue 1. Donc pour le moment, j’ai d’autres objectifs qui sont bien plus concrets. Et si un jour l’Equipe de France est possible, je verrai alors à ce moment- là ».
Pour terminer l’entretien, si tu n’avais pas été joueur de football, quel métier aurais-tu imaginé faire ?
« Je ne me suis jamais vraiment posé la question, mais j’aurais sans doute fait quelque chose en rapport avec le sport. Car je suis vraiment très sportif, dès que je peux, je joue au tennis ou au basketball. Et je passe aussi beaucoup de temps à la salle de sport du club. Donc je pense que j’aurais été sans doute éducateur sportif ou professeur de sport ».
Fiche Théo Guivarch
Prénom : Théo
Pays : France
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