L’année dernière, l’étape parisienne de la DNC, avait sacré le Paris FC qui par la suite avait remporté la finale française et avait représenté la France lors de la finale mondiale au Maroc. Le 8 mai dernier, l’étape 2016 avait lieu à St Ouen, sur la pelouse du Stade Bauer (stade du Red Star).
C’est le Centre de Formation de Football de Paris (CFFP) qui a tiré son épingle du jeu malgré un plateau relevé (le Red Star, l’OM et le Paris FC notamment). Nous avons rencontré Lamine Kezzim, coach des U12 du CFFP.
Aldo Muller, responsable des filières élite et animation au CFFP
Le CFFP a été créé en 1985. Notre club est dédié essentiellement aux jeunes. Nous n’avons pas d’équipe senior et depuis l’année dernière, nous n’avons plus d’équipe U19. Nous avons la particularité d’être un sport-étude. Cette année, nous avons à peu près 90 élèves sur toutes les catégories (de la 6e au lycée). Les enfants sont scolarisés dans nos établissements partenaires (4 collèges et 2 lycées) et certains sont hébergés (près de 35). L’objectif est que le maximum d’entre eux rejoignent les structures professionnelles. Chaque année, une dizaine de joueurs signent dans des clubs professionnels. Cela varie selon les générations. Sur la génération 2001 qui est en U15 actuellement, nous avons déjà 7 signatures. Parmi les joueurs passés par le CFFP, nous pouvons citer Pierre-Gabriel Ronaël (né en 1998 et qui compte déjà 4 titularisations avec l’AS St Etienne), Franck Tabanou, Jérémy Ménez…Les jeunes s’entraînent 4 fois par semaine donc le rythme est assez soutenu. L’objectif est vraiment de les mettre dans les meilleures dispositions pour réussir.
Bonjour Lamine, pourrais-tu nous présenter ton parcours ?
« Je suis coach au CFFP depuis 3 ans et j’entraîne depuis une vingtaine d’années. J’ai beaucoup travaillé avec les seniors et depuis quelques années je me concentre sur les jeunes. J’ai fait mes études et ma formation en Algérie et j’ai des diplômes en éducation physique. »
En dehors de la DNC, vous êtes sur d’autres tableaux ? Quelle est votre préparation ?
« Nous avons une catégorie U12 Elite mais nous n’avons pas beaucoup joué en championnat. Nous avons souvent rencontré des U13 et nous avons choisi des plateaux relevés pour offrir une belle opposition aux enfants. En dehors de la DNC, nous sommes en finale de la Coupe Départementale de Paris qui se jouera au moins de Juin. Il nous reste aussi un beau tournoi à Fontainebleau au mois de juin. Sur le plan statistique, nous avons joué 28 matchs pour un bilan de 27 victoires et une défaite.
Concernant la préparation, nous avons 3 entraînements par semaine (1h30 par séance) plus la compétition le week-end, Je dispose d’un groupe ouvert de 16 joueurs avec 12 joueurs réguliers. Sur les 12 joueurs qui iront à Lille, 8 sont en sport-étude. Nous accordons d’ailleurs une grande importance aux résultats scolaires (pour les enfants en sport étude mais aussi pour les autres). »
Que peux-tu me dire sur votre jeu ?
« Notre principale valeur c’est le jeu de passes. La qualité technique et athlétique de mes joueurs nous permet d’avoir un jeu de transition. Nos attaquants sont très puissants et vont très vite. Nous arrivons donc à allier jeu court/préparation d’attaques placées et jeu en rupture et contre-attaque. Sur le comportement défensif, nous avons fait beaucoup de progrès depuis le début de la saison. Notre jeu est basé sur la pression avec une récupération haute. Il y a même parfois un marquage individuel. Nous avons un bloc très haut qui nous permet d’étouffer notre adversaire. C’est ce que nous avons mis en place à partir des quarts avec un pressing pendant presque 12 minutes. Ce pressing est possible sur des matchs courts comme à la Danone mais pas sur des matchs de 60 minutes. Nous concédons aussi peu d’occasion. »
Est-ce que la DNC était un objectif annoncé ?
« Nous avions vraiment ciblé la DNC cette saison car la Danone a pris de l’ampleur chez les jeunes et chaque année, les U12 savent que c’est le plus gros challenge de la saison. En Île-de-France, il y a beaucoup de joueurs et ils en parlent beaucoup entre eux (notamment sur les réseaux sociaux) d’autant que l’année dernière, le Paris FC a représenté la France lors de la finale mondiale au Maroc. Cela donne beaucoup de motivation. Pour le club, c’était aussi l’occasion avec une belle génération (le CFFP avait participé à la finale nationale à Marseille en 2014). »
Peux-tu nous résumer votre parcours à St Ouen dimanche ?
« Il y avait 60 équipes. Il n’y a pas de groupe à la Danone. Pour la phase éliminatoire, il y a six matchs à jouer. Nous avons hérité de 4 équipes coriaces et 2 un peu moins. Nous avons remporté notre premier match contre l’ESTAC 2-1. Ensuite, nous avons gagné contre une très belle équipe de Fontainebleau (1-0), contre St Leu (5-0) et contre Pontault-Combault (5-0). Nous avons ensuite fait match nul contre St Maur Lusitanos avant de l’emporter 3-1 contre Orléans. Nous avons terminé la phase éliminatoire 6e avec 19 pts. En quart de finale, nous avons affronté Bagneux que nous avons battu aux penaltys. En demi-finale, nous sommes tombés contre le Red Star qui jouait à domicile et nous l’avons à nouveau emporté aux penaltys. En finale, nous nous sommes imposés 2-0 contre Noisy le Grand. Sur la journée, nous avons marqué 18 buts pour 2 encaissés. »
Quelques jours avant la finale à Lille, comment as-tu préparé l’événement ?
« J’ai fait en sorte de relativiser l’événement et de continuer de travailler normalement avec eux. Je ne souhaite absolument pas mettre la pression sur les enfants. Je n’ai pas besoin de les motiver car ils sont bien conscients de leur chance. Nous n’avons rien ajouté à l’entraînement car le travail a été fait depuis le début de la saison. J’ai aussi essayé de les protéger par rapport à la médiatisation de la victoire à Saint Ouen. Même dans le club, tout le monde les reconnaît et les félicite. Cette médiatisation est vraiment quelque chose de nouveau pour eux.
Personnellement, je ne m’attendais pas à autant d’engouement. J’ai reçu beaucoup de félicitations et j’ai été très sollicité depuis 3 jours. J’ai gagné le championnat d’Algérie universitaire et une coupe avec des seniors mais je n’ai jamais ressenti cet engouement médiatique. Je suis hyper surpris. Cela veut en tout cas dire que la compétition est reconnue.
Pour revenir sur la finale, nous irons à Lille sans pression pour essayer de faire le meilleur résultat possible. J’ai deux interrogations. La première concerne le terrain puisque nous allons jouer sur herbe alors que nous avons l’habitude d’évoluer sur un synthétique. D’autre part, c’est la première fois que nous allons vraiment quitter Paris et que nous allons évoluer loin. Je ne connais pas encore la réaction de mes joueurs par rapport à ça. »
Justement, tu ne penses pas que c’est un peu trop pour des enfants ?
« Malgré leur jeune âge, les enfants sont matures et ne se prennent pas trop au sérieux. Ils restent sérieux à l’entraînement mais je ne les sens pas atteints par la médiatisation. Après le leitmotiv de ma vision du football reste le plaisir. Il doit être présent tout le temps. Les enfants partagent le plaisir de jouer ensemble et il y a une vraie dynamique de victoires dans ce groupe. Les notions de groupe, d’entraide et de solidarité sont des éléments importants de leur réussite. »
Certains joueurs de ton équipe ont déjà fait des tests dans des clubs pro ?
« C’est un souci car il devient très difficile de contrôler cela. Certains clubs vont parler directement aux joueurs, aux familles. Parfois ça perturbe les enfants. J’ai actuellement 7 joueurs dans le groupe qui sont sollicités régulièrement. Certains ont déjà fait des stages dans des clubs pros. Les recruteurs savent que le plus gros potentiel est en Île-de-France (près d’un joueur pro sur 4 vient de la région parisienne ndlr) et qu’il y a des clubs qui travaillent très bien en jeunes. »
Pour revenir sur la DNC, avais-tu suivi les précédentes étapes ?
« Non, je n’ai pas suivi particulièrement. Je regardais les résultats sur le site de la DNC pour avoir le nom des vainqueurs de chaque étape mais je ne connais pas précisément le jeu de chaque équipe. Par contre, nous avons des échos de connaissances qui ont pu assister aux matchs. Nous avons, donc, quand même des idées sur le niveau de chaque équipe. »
Merci et bon courage au CFFP pour la finale ce week-end.
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