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La belle histoire de Fabio Pisacane

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L’histoire de Fabio Pisacane est la belle histoire de la fin d’année 2016. Atteint d’une maladie grave à l’âge de 14 ans alors qu’il était une jeune footballeur en pleine formation, il a effectué ses débuts en Serie A à l’âge de 30 ans ! Il a été élu footballeur de l’année 2016 par le quotidien britannique The Guardian.

C’était le 18 septembre 2016 à l’occasion d’une rencontre opposant son club de Cagliari, promu en première division italienne à l’Atalanta Bergame. Un accomplissement pour le latéral droit italien qui craquait devant la presse à l’issue du match !

Dans le coma à quatorze ans !

Alors qu’il n’a que 14 ans et aspire à devenir footballeur professionnel, Fabio Pisacane est diagnostiqué « Guillain-Barré« . Ce syndrome est une maladie auto-immune inflammatoire du système nerveux périphérique. Elle se traduit par une parésie qui contrairement à une paralysie par exemple, se caractérise par une perte partielle des capacités motrices d’une partie du corps (limitation de mouvement, diminution de la force musculaire), parfois transitoire d’un ou de plusieurs muscles. Cette maladie qui touche environ 1 personne sur 100 000 est brutale comme l’explique Fabio Pisacane : « C’est une maladie sérieuse. Même avec un traitement adapté, elle suit son propre cours. ll faut toucher le fond pour pouvoir s’en sortir. Une fois que vous avez touché le fond, soit vous commencer à obtenir des améliorations, soit vous êtes anéanti ! »

La maladie le touche de plein fouet. Le jeune adolescent commence à perdre l’usage de ses deux bras et son système respiratoire est affecté. L’intubation est obligatoire. Il va passer trois mois et demi à l’hôpital dont vingt jours dans le coma.

Collection Personnelle de Fabio Pisacane. Ici à l’âge de 14 ans.

Une enfance napolitaine dans un quartier difficile

Originaire de Naples, Fabio Pisacane a passé une grande partie de son enfance dans un quartier difficile de la ville italienne et aurait pu mal tourner sans le football : « Je suis né en 1986 et j’ai donc grandi quand la Camorra était très puissante à Naples. Une fois, je jouais au football et ils ont tué un mec à cinq mètres de nous seulement. Nous nous sommes arrêtés de jouer pendant un moment, puis nous y sommes retournés. La chose la plus horrible est que la mort était presque devenue normale. Dans un tel contexte, on peut rapidement mal tourner. Le football m’a permis de m’éloigner de cette triste réalité. Mais beaucoup d’amis avec qui je jouais au football dans le quartier n’ont pas forcément suivi la bonne trajectoire. De nombreux amis ont été tués. »

A l’époque, Pisacane n’a que 14 ans et passe ses journées dans le quartier à taper dans le ballon. Intrépide, c’est un garçon turbulent mais qui canalise son envie de bouger par le football. Talentueux, il est repéré par le club italien du Genoa à plusieurs centaines de kilomètres de Naples !

Alors qu’il n’a rejoint Gênes que depuis un mois, la maladie se déclare : « La vie en centre de formation est relativement simple. On se réveille, on se lève et on s’habille. Mais cette fois, alors que je voulais prendre ma chemise pour m’habiller, mes bras ne répondaient plus. Il était totalement impossible pour moi de faire le moindre mouvement. J’ai immédiatement compris que c’était grave. Mon père m’a rejoint de Naples et nous sommes allés faire les examens nécessaires pour savoir de quel mal je souffrais. Ils ont effectué des analyses de sang et très rapidement nous avons été informés que je souffrais du syndrome de Guillain-Barré« . Même si la majorité des personnes souffrant de cette affection s’en sorte, les médecins indiquent au père de Fabio qu’il n’était pas certain que son fils s’en sorte ! Croyant, Fabio se bat : « Je ne voulais pas mourir et laisser ma famille. Pour moi la maladie n’est pas venue pour me tuer. Sinon je ne serais pas présent aujourd’hui pour en parler. Elle est venue comme une bonne épreuve« .

Après avoir passé plusieurs semaines dans le coma, Fabio Pisacane entame sa rééducation. Son objectif est de marcher à nouveau et retrouver une vie normale. Le football est alors loin d’être une préoccupation !

Au coeur du scandale

Finalement, à force de se battre, il retrouve les terrains avec le Genoa. Footballeur modeste, il va entamer une carrière de footballeur plutôt anonyme. Il enchaîne les prêts et les co-propriétés avant de se stabiliser en troisième division à Lumezzane. A l’époque, alors qu’il évoluait en troisième division italienne, il est impliqué dans une tentative de corruption. Approché par un ancien dirigeant pour truquer des matchs de son équipe, Fabio Pisacane avait dénoncé ces tentatives de corruption aux autorités italiennes.

Passé par Ravenna en début de carrière, il est contacté par Giorgio Buffone qu’il avait connu quand il avait vingt ans pour perdre un match. La somme proposée est importante (50 000 €) et représente une année de salaire pour Pisacane. Mais il va refuser la proposition : « Je lui ai expliqué que je ne voulais pas tremper dans ce genre d’affaires. Il a tenté d’enchérir mais je lui ai dit à nouveau que je ne souhaitais pas aller plus loin. J’ai raccroché. Je sais que ce que j’ai fait n’a pas fait plaisir à tout le monde. Mais c’est ce que ma conscience m’a dit de faire« .

Son honnêteté est saluée par le sélectionneur italien Cesare Prandelli qui n’a pas hésité à inviter le footballeur italien à Coverciano, l’équivalent du Clairefontaine italien, pour rencontrer les joueurs de la Nazionale !

Après cette épisode, Pisacane va quitter Lumezzane pour s’engager avec Ternana puis Avellino en Serie B. Devenu une valeur sûre de la deuxième division italienne, il prendra le chemin de la Sardaigne en 2015 en signant avec Cagliari. Promu en première division après une seule saison, le club est actuellement 14ème de Serie A avec un Fabio Pisacane titulaire, pour son plus grand plaisir !

« Sincèrement, rien de ce que je fais n’est fait pour être un exemple pour les gens. Je suis un type simple et un humble. Et c’est justement parce que j’ai un peu d’humilité que je ne pense pas que d’autres personnes devraient me regarder comme un exemple.« 

L’article du Guardian est disponible en anglais (https://www.theguardian.com/football/blog/2016/dec/29/fabio-pisacane-guardian-footballer-of-year-award)

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