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Mercato des jeunes – Toujours plus jeunes, toujours plus chers

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Cette semaine, le quotidien portugais A Bola a annoncé la signature imminente d’Umaru Embalo au RB Leipzig. Seulement âgé de 16 ans, l’attaquant portugais quitterait donc le Benfica Lisbonne pour une indemnité de transfert de 20M€. Une somme colossale pour un footballeur qui n’a pas encore eu l’occasion d’effectuer ses débuts professionnels. Il y a quelques mois, c’est le jeune brésilien Vinicius Jr qui signait au Real Madrid pour environ 40 M€.

Depuis 2016 et le départ de Paul Pogba à Manchester United (105 M€), les chiffres ne cessent d’exploser : Neymar (PSG, 222 M€), Mbappé (PSG, 180 M€), Coutinho (FC Barcelone, 160 M€) ou encore Dembélé (FC Barcelone, 140 M€).

Ces indemnités de transferts colossales ont eu un impact immédiat sur le marché des jeunes footballeurs. Afin d’éviter de débourser des sommes vertigineuses pour des joueurs dès leur explosion au plus haut niveau, la plupart des clubs européens sont près à fondre sur des jeunes espoirs avant leur éclosion. Forcément, les prix s’affolent pour des footballeurs de plus en plus jeunes.

Et la France est forcément touchée par cette vague spéculative.

La France, productrice de talents

Les joueurs français ont toujours eu une excellente côte sur le « marché des jeunes ». Tout d’abord car la valeur de la formation française est reconnue depuis plusieurs années, mais également car les joueurs français savent s’expatrier. Chaque été, des dizaines de jeunes joueurs français font le grand saut en franchissant les frontières de l’Hexagone pour rejoindre des contrées plus rémunératrices ou plus intéressantes sportivement.

Depuis plusieurs mois, de nombreux jeunes joueurs français sont sollicités par des clubs étrangers qui proposent des salaires absolument colossaux sur lesquels les clubs français sont incapables de s’aligner. Selon nos informations, des joueurs, actuellement sous contrat aspirant, avec des salaires mensuels proches des 1 000 € reçoivent des propositions de plus de 100 000 € en provenance de clubs européens.

Des propositions difficiles à refuser

Il y a encore quelques années, les clubs étrangers attendaient souvent la fin des contrats aspirants des jeunes pour passer à l’attaque. Il n’y avait donc pas forcément de relation entre un club acheteur et un club vendeur, mais uniquement des échanges bilatéraux entre le club d’accueil et le jeune footballeur. Le club formateur voyait donc certains joueurs quitter le centre de formation pour l’étranger à l’issue de leur contrat aspirant. Le dédommagement se résumait donc essentiellement à des indemnités de formation.

Désormais, les clubs étrangers sont dans une démarche qui peut apparaître beaucoup plus transparente. Si les recrutements à l’issue des contrats des jeunes joueurs restent la norme, de plus en plus de sollicitations se font directement auprès des clubs employeurs. La relation devient donc tripartite entre les deux clubs et le joueur. Des indemnités de transfert, en plus des indemnités de formation, peuvent donc éventuellement permettre à toutes les parties d’y trouver leur compte.

Aujourd’hui, il apparaît très difficile pour certains clubs français de résister à l’assaut des clubs étrangers. Pour des clubs formateurs comme l’AJ Auxerre, le RC Lens ou encore le FC Sochaux, le dilemme est permanent. Avoir une logique uniquement sportive en lançant des jeunes dans le grand bain ou privilégier l’aspect financier en laissant filer ses meilleurs éléments. Des clubs comme Nantes (Abdoulaye Dabo, 2001), Sochaux (Maxence Lacroix, 2000), Monaco (Benoit Badiashile, 2001) ou encore Lyon (Willem Geubbels, 2001) ont ainsi reçu des propositions de 5 à 10 M€.

La spéculation comme nouvelle logique

Les indemnités de transfert proposées pour des jeunes très prometteurs peuvent très vite s’envoler. Le raisonnement est simpliste mais limpide. Il est uniquement question de spéculer sur l’éclosion à venir du futur professionnel. Tous les clubs savent qu’avec l’explosion du marché des transferts, il faut acheter des joueurs de plus en plus jeunes et de plus en plus chers. Économiquement, il semble plus rentable de placer 5 M€ sur un jeune à fort potentiel, qui pourra se revendre très rapidement 30 à 40 M€, plutôt que payer le prix fort. Les clubs font donc des paris.

Du côté des clubs vendeurs, la logique d’entreprise peut l’emporter. Un centre de formation, dont le coût annuel de fonctionnement est souvent proche de 3 à 5 M€, peut-être parfois s’auto-financer par la vente de jeunes joueurs. Les footballeurs en formation ne sont donc pas forcément identifiés comme des futurs éléments de l’équipe première, mais parfois comme des actifs pouvant permettre d’équilibrer un budget. Il y a quelques années, le RC Lens avait ainsi tenté d’équilibrer ses comptes en cédant Yassine Fortune et Jeff Reine-Adélaïde. Les deux joueurs avaient été cédés à Arsenal pour environ 8 M€ avant même de signer professionnels avec le club artésien.

Accord Arsenal-Lens, Jeff Reine-Adélaïde.
© Football Leaks

Des contrats professionnels signés encore plus tôt

Toujours dans cette double logique de se prémunir des approches venant de l’étranger mais également d’envisager une future revente, les clubs professionnels français sont donc contraints de faire signer des premiers contrats professionnels à des joueurs de plus en plus jeunes.

Le FC Nantes, qui était sollicité de longue date par la Juventus Turin, a fait signer le milieu de terrain Abdoulaye Dabo en octobre dernier à seulement 16 ans et demi. Membre de l’Equipe de France U17, il jouait essentiellement avec les U17 du FC Nantes. Si son potentiel est indéniable et unanimement reconnu, il est évident que Dabo n’a de professionnel que le contrat.

En procédant ainsi, le FC Nantes empêche ainsi le départ d’un de ses meilleurs jeunes, mais là encore, il s’agit d’un pari sur l’avenir. Bon nombre de jeunes joueurs français ayant signé un premier contrat professionnel par anticipation n’ont jamais su confirmer les attentes. Il n’est pas rare de voir ces jeunes se reposer sur leurs acquis, l’objectif du contrat pro ayant été atteint précocement. Pourtant, être footballeur ne peut pas se résumer uniquement à la signature d’un contrat. Il s’agit de s’installer durablement dans l’équipe première.

De nouveaux types de partenariat

Comme révélé en mai dernier (Transferts des mineurs : des partenariats originaux pour « bloquer » des joueurs, 4 mai 2017), plusieurs clubs européens tentent également de nouer des partenariats pour garder en couveuse, en France, des jeunes joueurs de 13 à 16 ans avant de les récupérer.

Extraits :

Particulièrement inventifs pour essayer de composer, voire contourner les règlements internationaux mais également nationaux, des clubs étrangers cherchent à investir sur des jeunes talents français en concluant des accords sportifs avec des clubs français.

Ainsi, selon nos informations, des clubs anglais, allemands, italiens et autrichiens se sont récemment rapprochés de plusieurs clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 afin de nouer des partenariats qui peuvent apparaître comme originaux et cyniques. L’objectif annoncé est de conclure des accords visant à acter des droits de préemption sur des jeunes talents français.

En clair, il est proposé à certains clubs professionnels français de faire signer des accords de non sollicitation à des jeunes talents locaux dès l’âge de 13 ans. Ces jeunes mineurs pourraient donc bénéficier d’une formation dans un club professionnel français avant de s’envoler pour l’étranger à l’âge de 16 ou 18 ans, comme autorisé par la réglementation de la FIFA.

Si plusieurs clubs français ont repoussé ces avances d’un revers de main, refusant totalement d’entrer dans le jeu des négociations pour des transferts de mineurs, d’autres semblent trouver un intérêt à cette nouvelle pratique.

Il ne faut pas nier que pour certains clubs français, réputés pour la qualité de leur formation, mais dont l’équilibre économique dépend essentiellement de ses ventes, la perspective de conclure de tels partenariats peut-être une opportunité financière : les indemnités de formation prévues par la FIFA pour des futurs transferts, des pourcentages à la revente voire même des financements directs peuvent permettre d’équilibrer un budget.

Au delà de l’aspect financier, le rapprochement avec un club européen majeur peut également avoir un impact sportif sur le club français. Durant les trois ans de formation du jeune footballeur, les clubs étrangers auraient donc un droit de regard sur la formation dispensée dans le club français, avec des échanges techniques et méthodologiques afin de s’assurer de la bonne progression des mineurs repérés.

Si la démarche peut apparaître absolument cynique et au détriment des clubs français, il faut garder en tête que ces mêmes clubs professionnels français opèrent parfois de la même façon avec des clubs amateurs locaux.

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