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Quand des agents abandonnent un footballeur africain

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C’est le début d’une histoire relativement banale. Une histoire qui aurait pu arriver à un lecteur d’EspoirsduFootball.com. Une histoire qui est sans doute déjà arrivée à plusieurs lecteurs de notre site si on en croit les témoignages réguliers que nous recevons. Une histoire qui mérite d’être racontée pour qu’elle ne se reproduise plus.

Celle d’un jeune joueur africain qui rêve d’Europe. Peut-être pas forcément pour marcher sur les traces de Samuel Eto’o, mais au moins pour faire une carrière honorable. Pour se mettre à l’abri et éventuellement aider une famille restée en Afrique. Car pendant que de jeunes footeux rêvent de percer pour acheter une grosse voiture, d’autres rêvent de sortir de leur misère, et sortir également leur famille.

Des faux papiers pour Louhans-Cuiseaux

Mais pour un jeune africain de 15 ans, il n’y aura pas de Parc des Princes. Uniquement le Parc des Sports de Bram, enceinte du modeste Louhans-Cuiseaux, actuellement pensionnaire du CFA 2. Habitué aux joutes de la Division 2 il y a 20 ans, le club de Saône et Loire végète désormais au cinquième échelon français. Club formateur de l’ancien capitaine de l’Equipe de France Alou Diarra, Louhans-Cuiseaux n’est pas le club le plus conseillé pour un jeune footballeur en quête de réussite.

Pourtant, c’est bien devant le stade du club bourguignon qu’un jeune camerounais de 15 ans a été abandonné. Car abandonné est bien le terme qui semble correspondre le mieux à sa situation.

Samedi matin, les militaires de la gendarmerie locale ont eu la surprise de voir un joueur du club se présenter en compagnie de ce jeune adolescent. Celui-ci explique alors qu’il est arrivé la veille dans la sous-préfecture de Saône-et-Loire.

Originaire du Cameroun, il a réussi à rejoindre l’Europe avec un faux passeport. D’abord le Portugal en avion. Les frontières semblent bien poreuses pour qu’un jeune homme de 15 ans, muni de faux papiers, parvienne à débarquer en Europe.

  
  • Conseil de lecture

    Par Matthieu Bideau et Laurent Mommeja
Je veux devenir footballeur professionnel

Se procurer le livre

Il n’est pas seul dans son escapade. Un premier adulte s’est présenté à lui comme un agent capable de le faire signer en Europe. Il le met dans un train, direction Paris. Là-bas, le jeune camerounais est attendu par un collègue de son « ange-gardien ». Direction Louhans-Cuiseaux en voiture. Deux vendeurs de rêve. Deux margoulins qui abandonnent leur « protégé » devant le Parc des Sports de Bram. Seul.

Car bien évidemment, les dirigeants de Louhans-Cuiseaux ignorent totalement qui est ce jeune homme. Sans contact, sans un euro en poche, il erre durant plusieurs heures dans la rue. Avant de se présenter à la gendarmerie, où il compte son histoire.

Le début de son histoire commence comme des centaines d’autres. Un jeune footballeur africain talentueux, repéré par un homme se prétendant « agent ». Séduit par le discours d’un faiseur de rêves, le jeune africain est persuadé de pouvoir rejoindre l’Europe pour y faire carrière. Sa famille est également convaincue et elle réunit ses économies pour payer le voyage de l’enfant prodige, sûre d’être remboursée au centuple.

Aloys Nong, une histoire qui finit bien

Ses proches espéraient sans doute le voir connaître un destin merveilleux. Un peu comme celui d’Aloys Nong. Avant de connaître la gloire avec Courtrai ou le Standard Liège, l’international camerounais a également du passer par des sentiers battus. Arrivé en France avec un visa touristique comme 6 autres mineurs camerounais, Aloys Nong, 16 ans à l’époque, avait été logé dans des conditions spartiates à Paris, avant de tomber dans l’illégalité à l’expiration de son visa touristique. Finalement, il prendra le chemin de la Belgique afin de décrocher des essais puis un contrat professionnel.

Récemment Aloys Nong, désormais à Foolad (Iran), révélait qu’il était le seul à avoir décroché un contrat professionnel mais que ses 6 compatriotes avaient finalement une situation stable en Europe.

Le destin tragique de Boris Ngouo

Mais pour une histoire qui finit bien comme celle d’Aloys Nong, combien finissent mal ? En 2003, un autre jeune camerounais, Boris Ngouo, faisait parler de lui dans les médias. Âgé de 19 ans à l’époque, il venait de débarquer à Paris. Repéré au Cameroun, Boris Ngouo avait été envoyé en Europe par un agent camerounais basé en Allemagne. D’abord en Allemagne à l’âge de 16 ans, puis en France. Son récit avait ému Luis Fernandez, alors dirigeant du Red Star, qui l’avait fait signé avec le club de Seine Saint-Denis.

Il témoignera de son destin dans un livre d’Arnaud Ramsay, préfacé par Marcel Desailly.

 
  • Conseil de lecture

    Par Arnaud Ramsay, récit de Boris Ngouo, préface de Marcel Desailly
Boris Ngouo

Se procurer le livre

Pour le jeune camerounais de Louhans-Cuiseaux, il n’y aura pas sans doute d’essai dans un club européen. Encore moins de signature de contrat. Ce soir, ce jeune homme de 15 ans dormira dans un foyer pour jeune mineur isolé. Bien loin d’un stade de football …

Ce récit tragique témoigne d’une réalité pour bon nombre de footballeurs africains. Toutefois, nous ne pouvons pas oublier qu’il existe également de belles histoires.

Nous vous invitons à lire le témoignage de Chaddad, jeune footballeur béninois, qui rêvait d’une carrière professionnelle et dont le rêve a été brisé après une fracture de la jambe. Rapatrié en Europe pour se faire opérer, il a bénéficié du soutien d’une ONG italienne pour lui sauver la vie.

A lire : 14 mai 2011, Le rêve brisé de Chaddad, propos recueillis par Laurent Mommeja

  • Daouda Chaddad

    Je garde toutefois les séquelles de mes deux premières opérations au Bénin, ma jambe droite étant gravement endommagé, je ne peux pas plier le genou droit, et ma jambe droite est plus courte que la gauche. Aujourd’hui, je poursuis encore les soins, et j’espère juste avoir une vie normale.

    Daouda Chaddad
  • Daouda Chaddad

    Je garde toutefois les séquelles de mes deux premières opérations au Bénin, ma jambe droite étant gravement endommagé, je ne peux pas plier le genou droit, et ma jambe droite est plus courte que la gauche. Aujourd’hui, je poursuis encore les soins, et j’espère juste avoir une vie normale.

    Daouda Chaddad

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